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Secourisme : Urgences médicales pour pagayeurs

Photo du rédacteur: Alex DubreuilAlex Dubreuil

Dernière mise à jour : 22 janv.


Premièrement, ce texte ne représente pas les idées de la Croix-Rouge ni de quelconques autres entités de secourisme. C’est un exercice écrit à titre personnel.


Cette ressource ne remplace pas une formation de secourisme décernée par un fournisseur de formation reconnue.


Au fil des années , j'ai assisté plusieurs urgences médicales en rivière :


  • Luxation du genou

  • Soupson de blessure aux dos ou au cou

  • Dents cassées

  • Hypothermie légère

  • Panique

  • Écorchures de toute sorte


Et


  • Arrêt cardiaque


Assez pour en décourager plus d'un. J'aurais pu ranger ma pagaie, mais j'ai foncé dans la direction opposée. Construire un projet pour changer les choses de l'intérieur.



De mon point de vue personnel , voici quelques situations médicales (je vais m'en tenir aux problèmes graves) les plus probables en rivière, au Québec:


Urgence médicale

  • Maladies liées au froid

  • Noyade

  • Arrêt cardio-respiratoire

  • Panique


Problème traumatique

  • Blessures au dos, au cou et à la colonne vertébrale

  • Blessures aux os, aux muscles et aux articulations (blessures orthopédiques)


Cette liste est non exhaustive, partielle, incomplète et n'a pas la prétention d'être complète (c'est clair!?). Elle est utilisée seulement à titre de divertissement pour alimenter ce blogue.


Maladies liées au froid


4 mécanismes pour perdre de la chaleur :

  • Radiation : Ondes infrarouge émises par la peau.

  • Convection : Mouvement de l'air ou de l'eau autour de la peau.

  • Conduction : Contact direct avec une surface froide.

  • Évaporation : Transformation de la sueur ou de l’humidité en vapeur.


Alors aussi bien vous dire que lorsque nous sommes dans l'eau a 4°C au printemps, c'est un melting pot gagnant : eau, vent, froid.


La température normale du corps est de 37°C (98°F).



La Société canadienne de la Croix-Rouge. Secoursime en milieu sauvage et éloigné, Guide de poche. Société canadienne de la Croix-Rouge, 2020. ISBN : 978-1-55104-860-4.

© BICO On gèle aujourd'hui. Tout droit réservé. BICOsauvetage.com, 2016



Stress dû au froid, sans hypothermie 37°C - 35°C

Symptômes:

  • Alerte

  • Bonne motricité

  • À froid

  • Frissonne

Soins:

  1. Diminuer la perte de chaleur (par exemple, ajouter des vêtements secs)

  2. Donner une boisson ou des aliments riches en calories

  3. Marcher et bouger pour se réchauffer

  4. Protéger des éléments comme le vent et l'eau


Hypothermie légère 35°C - 32 °C

Symptômes:

  • Diminution de la motricité fine

  • Élocution difficile

  • Frissons (généralement marqués)

  • Incapacité : la personne n'est pas fonctionnelle/capable de prendre soin d'elle-même complètement.

Soins :

  1. Déplacer délicatement

  2. Demander à la personne de s'asseoir ou de se coucher pendant au moins 30 minutes.

  3. Isoler du froid pour prévenir toute autre perte de chaleur (enveloppe hypothermique, couverture d'aluminium, remplacement des vêtements mouillés).

  4. Appliquer de la chaleur sur la partie supérieure de la poitrine (thorax, aisselles)

  5. Donner une boisson (chaude si possible) ou des aliments riches en calories (sucré).

  6. Surveiller pendant au moins 30 minutes

  7. Activation après environ 30 minutes ou une fois réchauffée pour éviter le phénomène de l'AfterDrop*.

  8. Évacuer s'il n'y a pas d'amélioration


*AfterDrop : La température centrale du corps continue de baisser après le début du réchauffement externe à cause de la recirculation du sang-froid par l'activation.


Hypothermie modérée 32°C - 28°C

Symptômes:

  • Confusion

  • Léthargie

  • Pas de frisson

Soins

  1. Surveillez les signes vitaux. Risque d'arrêt cardiaque imminent.

  2. Déplacer délicatement

  3. Garder allongée (même pendant l'évacuation) : risque de collapsus postsauvetage

  4. Ne pas laisser se lever/marcher

  5. Ne pas laisser boire ou manger

  6. Isoler : enveloppe hypothermique

  7. Réchauffement actif optionnel (probablement inefficace). Il faut avant tout protéger la victime.

  8. Appliquer de la chaleur sur la partie supérieure de la poitrine (Thorax, aisselles)

  9. Évacuer avec précaution


Hypothermie sévères 28°C et -

Symptômes:

  • Inconscient

Soins

  1. Traiter comme l'hypothermie modérée

  2. Vérifier la respiration/le pouls pendant 60 secondes (signes vitaux parfois difficilement perceptibles, dans le doute, initiez la RCR sans délai).

  3. Pas de respiration/pouls, commencez la RCR

  4. Ne pas arrêter la RCR avant le transfert aux SMU. Les chances de réanimation sont meilleures chez une victime d'hypothermie et/ou un enfant, même en situation de RCR prolongée.

  5. Évacuer avec précaution le plus rapidement possible


**Évacuation:

  • Les mouvements et le transport peuvent amener une victime en hypotermie modérée/sévère à faire un arrêt cardio-respiratoire. Manipuler la victime avec soin et surveiller l'ABC.

  • Hypothermie sévère avec arrêt cardiaque = Effectuer 5 min de RCR pour 5 min et moins de transport en alternance. Utiliser les DEA, mais ne pas dépasser 3 chocs et continuer la RCR.


Immersion en eau froide


On peut perdre jusqu'à 25x plus de chaleur en étant submergé en eau froide.


Le concept du 1-10-1


1 min : Choc hypothermique/hyperventilation. Phase critique pour la noyade. Ne paniquez pas. Contrôlez votre respiration.

10 min : Perte de motricité en 10 minutes (5 à 15 minutes).

1 h : Environ 1 h avant de perdre conscience (l'hypothermie commence en moins de 30 minutes).


En réalité, le décès plus souvent causé par le choc hypothermique ou la perte de motricité que de l'hypothermie.


Enveloppe hypothermique (Burrito)


Utilisée comme traitement et prévention de l'hypothermie. Même principe que nos systèmes de vêtements multicouches.


L'enveloppe hypothermique optimale comprend :

  • Une bâche (coquille)

  • Un matelas de sol (pour protéger de la conduction du sol)

  • Un sac de couchage (isolant)

  • Une couverture en aluminium (pare-vapeur)

  • Une source de chaleur (compresse chauffante)


Principes de base

  • Vêtements mouillés : Selon la durée de l'évacuation, évaluez si vous gardez la personne mouillée ou si vous la changez pour des vêtements chauds et secs (tuque, mitaines, bas de laine). Certains proposent 30 minutes.

  • Appliquez des objets chauds (ex. bouillotte avec une Nalgène, compresse chauffante) sur sa poitrine et au niveau des aisselles.

  • Envisagez une couche improvisée pour un transport prolongé.

  • Si la personne est mouillée, utilisez une couverture de survie (pour éviter de mouiller l'isolant et réduire son efficacité).

  • Dégagez autour du visage (avec un SAM Splint par exemple) et protégez la tête


Si vous devez transporter la personne, incorporez une civière de corde à votre enveloppe hypothermique :

  1. Disposez une corde en zigzag de façon à ce qu'elle dépasse de chaque côté de l'enveloppe thermique.

  2. Placez l'enveloppe hypothermique sur la corde.

  3. Attachez la corde autour de l'enveloppe. Assurez-vous de ne pas entraver la respiration.

La disposition en zigzag vous permet de fixer l'enveloppe et de retirer facilement la corde en cas d'urgence. Surveillez les signes vitaux de la personne souffrant d'hypotermie pendant le transport.


La Société canadienne de la Croix-Rouge. Secoursime en milieu sauvage et éloigné, Guide de poche. Société canadienne de la Croix-Rouge, 2020. ISBN : 978-1-55104-860-4.



Formation Croix-Rouge de secourisme en région sauvage (40h), Rivière Concept, printemps 2024


Équipements:

  • Équipement pour la RCR (EPI, ultimement un DEA)

Ensemble pour enveloppe hypothermique:

  • Corde (sac à corde)

  • Toile

  • Matelas de sol

  • Sac de couchage

  • Couverture d'aluminium

  • Tuque et vêtement sec

  • Compresse chauffante


Cela peu sembler beaucoup et irréaliste, mais avec des équipements de qualité, le tout peu être assez compacte. Personnellement, le tout rentre dans un sac étanche Watershed Ocoee (10.5 L). Notre politique interne est que l'ensemble pour enveloppe hypothermique doit être sur la rivière autant longtemps que les wetsuits sont obligatoires : température de l'eau de l'air à 15°C et moins. Voici le matériel que nous utilisons:

  • Corde (sac à corde)

  • Toile: en nylon imprégné de silicone. Environ 2m X 3m.

  • Matelas de sol. Modèle gonflable, adapté pour des températures de 0°C (R3-4)

  • Sac de couchage. En duvet, adapté pour des températures de 0°C

  • Couverture d'aluminium. Type couverture de survie. La victime est probablement mouillée, le pare-vapeur va servir à éviter de mouiller l'isolant.

  • Tuque et vêtement sec : Éviter le coton

  • Sacs thermochimiques : Chauffe-mains chimiques/Chauffe-pieds chimiques


Gelures superficielles


Une gelure superficielle est une lésion superficielle qui survient lorsque la peau gèle.  Les zones les plus sujettes sont les extrémités (lobes d'oreille, nez, doigts, orteils).


Faire attention aux zones qui ont déjà gelé dans le passé, la déshydratation, la fatigue, la constriction (bottes, mitaines, sangles, les vasoconstricteurs (nicotine) et l'exposition au froid général.


Signes à observer

  • Douleur, picotement ou engourdissement

  • Peau d'apparence plus pâle que celle qui l'entoure

  • Sensation de brûlure, rougeur, douleur et formation possible de cloques après le dégel.


Soins

  1. Enlever/desserrer tout ce qui pourrait réduire la circulation sanguine vers la partie atteinte.

  2. Réchauffer la partie atteinte à l'aide de chaleur corporelle (peau à peau), d'eau tiède (de 38°C à 40°C) ou compresses chauffantes.

  3. Réhydrater la personne, de préférence avec des boissons sucrées et chaudes.

  4. Donner de l'ibuprofène s'il est sécuritaire de la faire.

  5. Il est acceptable de rester sur le terrain. Il n'y a aucun problème à marcher sur les pieds ayant des gelures superficielles.



Noyade


La noyade est un processus résultant d’une immersion ou submersion dans l'eau, entraînant un blocage respiratoire pouvant conduire à une perte de conscience, un arrêt respiratoire, puis un arrêt cardiaque.


Noyade mortelle et non-mortelle


  • Noyade non mortelle : La victime survit à l’incident, avec ou sans séquelles, grâce à une intervention rapide (ex. : réanimation).

  • Noyade mortelle : La privation d’oxygène conduit au décès.


Réflexe de protection : le laryngospasme


  • Lorsque l’eau entre en contact avec le larynx, un réflexe de protection appelé laryngospasme se produit. Les cordes vocales se ferment pour empêcher l’eau d’entrer dans les poumons.

  • Pendant ce temps, la personne ne respire pas, ce qui entraîne une hypoxie (manque d’oxygène) et une accumulation de dioxyde de carbone (hypercapnie).

  • Ce laryngospasme peut persister jusqu’à ce que la personne perde conscience.

  • Une fois la personne inconsciente, les muscles, y compris les cordes vocales, se relâchent, permettant à l’eau de pénétrer dans les poumons (appelée aspiration pulmonaire).

  • Toutefois, dans certains cas, le laryngospasme persiste jusqu’à la mort, empêchant l’eau de pénétrer dans les poumons. Cela est connu sous le terme de noyade sèche.


Noyade sèche et noyade humide


  • Noyade sèche : Peu ou pas d’eau dans les poumons en raison du laryngospasme persistant.

  • Noyade humide : L’eau pénètre dans les poumons, provoquant des complications respiratoires et une altération des échanges gazeux.


Avaler de l’eau


  • Lors d’une noyade, une personne peut également avaler de l’eau, en plus d’en aspirer. Cela peut survenir involontairement lorsque la personne panique et ouvre la bouche pour respirer.

  • L'eau avalée entre dans l'estomac, mais cela ne contribue pas directement aux problèmes respiratoires.


Points importants entourant la noyade


  • Ta sécurité en premier, évite de devenir la deuxième victime.

  • Une personne qui se noie ne va pas nécessairement avaler ou inhaler de l'eau à cause du laryngospasme.

  • Les complications pulmonaires peuvent survenir des heures ou des jours suivant l'accident (jusqu'à 72h), en fonction de la durée de submersion et de la quantité de liquide aspiré dans les poumons.


Selon le docteur Philippe Bijlenga de l'Hôpital Universitaires de Genève:

  1. Les chances de survie selon le temps submergé dans l'eau:

    1 minute - 95%

    3 minutes - 75%

    6 minutes - 25%

    8 minutes - < 3%

  2. Un réflexe ancestral (particulièrement présent chez les petits enfants) limite l’entrée d’eau, ralentit l’activité cardiaque et ferme tous les vaisseaux à destination des membres en cas de chute dans l’eau froide.

  3. Le record pour une survie est de 66 minutes (enfant de 2 ans et demi en eau froide).

  4. L’eau froide prolonge significativement les chances de survie. L’hypothermie permet de limiter les dégâts cérébraux lors d’un arrêt cardiaque.

  5. La noyade en eau douce est en général 3 fois plus sévère qu’en eau de mer. L’inhalation d’eau douce complique la réanimation puisqu’elle altère beaucoup plus les équilibres physico-chimiques que l’eau de mer.

  6. En cas de sauvetage, la principale difficulté est de regonfler les poumons. L’eau dilue un liquide de protection qui facilite le maintien ouvert des alvéoles (les alvéoles restent collées ensemble comme un rideau de douche humide contre un carrelage). L’insufflation d’air dans les poumons permet progressivement de vider les poumons de l’eau (une partie de l'eau peut remonter dans les voies respiratoires, l’eau restante est généralement absorbée) et de regonfler les alvéoles.


Protocole de soins


  1. Sortez rapidement la personne de l'eau de façon sécuritaire, en évitant de vous mettre en danger.

  2. Faites un ABC (examen primaire)

  3. Si la personne ne respire pas, commencez la RCR immédiatement en commençant par 2 insufflations.

  4. Faites 2 minutes de RCR avant d'appeler les secours

  5. Administrez de l'oxygène dès que possible.

  6. Une fois la personne stable, placez-la sur son côté droit.

  7. Si le sauvetage se fait en eau froide, traitez la personne pour hypothermie. Effectuez un examen secondaire et traitez tout état qui ne met pas la vie de la personne en danger.


Surveillance post-sauvetage (72h)

  1. Signes d'oedème pulmonaire : toux, sifflement à la respiration, crépitement, sécrétions rosées, signes de choc

  2. Signes de pneumonie : fièvre, toux, sécrétions jaune-verte, fatigue, malaise général, douleur thoracique à la respiration


En cas de signes, allez à l'hôpital pour une évaluation.


Formation Croix-Rouge de secourisme en région sauvage (40h), Rivière Concept, printemps 2024


Arrêt cardio-respiratoire


RCR/DEA


RCR : Réanimation cardio-respiratoire


DEA : Défibrillateur externe automatisé. Un appareil médical portable utilisé pour administrer un choc électrique (défibrillation) pour tenter de rétablir un rythme cardiaque normal.



Bref :

Taux de survie avec la RCR seule : environ 5%.

Taux de survie avec un DEA : environ 75%. Moins 7 à 10% à chaque minute.

Un DEA peut sauver des vies.


Formation Croix-Rouge de secourisme en région sauvage (40h), Rivière Concept, printemps 2024


Protocole RCR


  1. Appeler les secours / initier l'évacuation / demander un DEA

  2. Commencer les compressions/insufflations ( 30 : 2 )


  • Dans les cas suivants, faites 2 minutes de RCR avant d'appeler les secours : noyade, enfant/bébé, obstruction des voies respiratoires, électrocution.


Quand arrêter la RCR :

  • La victime respire (vérifier que l'air entre dans les poumons et qu'il ne s'agit pas d'un réflexe).

  • Un DEA vous est fourni.

  • Vous êtes physiquement incapable de continuer.

  • Les lieux deviennent non sécuritaires.

  • Une autre personne (SMU) prend le relais.

  • Vous êtes seul en région isolée, personne ne viendra vous aider et cela fait plus de 30 minutes que la RCR a été initiée (à moins que la personne soit en hypotermie, qu'elle ait été frappée par la foudre ou qu'elle ait été retirée des eaux).


Protocole DEA


  1. Mettre le DEA en marche et suivre les instructions.


  • Si possible , un secouriste manipule le DEA alors que l'autre continue les compressions.

  • Retirer tout vêtement, bijoux et timbres médicaux.

  • Sécher la peau si mouillée.

  • Placer à au moins 2.5 cm d'un régulateur cardiaque.

  • Il doit y avoir une distance d'au moins 2.5 cm entre les électrodes. S'il n'y a pas assez de place sur la poitrine, mettre une électrode sur la poitrine et l'autre dans le dos.

  • Retirer la personne de l'eau avant d'utiliser un DEA. Cependant on peut l'utiliser sur la glace ou dans la neige.

  • Ne pas utiliser sous la pluie ou dans un véhicule en mouvement.


Je suis 100% d'avis que dès que nous avons des gens à charge en rivière, nous devrions obligatoirement avoir un DEA sur la descente. Pas dans l'autobus, pas au camp de base , pas au centre sportif de la ville, SUR LA DESCENTE. Si c'était un membre de votre famille, votre chum, votre blonde, qui décédait à cause d'un arrêt cardiaque et qu'un DEA auvait pu augmenter ses chances de survie de 75%, comment vous sentiriez-vous?


Avoir un DEA après 12 minutes, ça ne sert à rien. Ce sont les premières minutes les plus importantes.


Chez Rivière Concept, depuis le jour 1 nous avons un DEA sur chacune de nos descentes.



Adulte/enfant/bébé

Notes

Rythme

100-120 compressions par minute (ou 30 compressions par 15-18 secs) .

Garder un rythme régulier.

Profondeurs des compressions

Au moins 5 cm (adulte) ou au moins 1/3 du thorax (enfant/bébé).

Placez vos 2 mains (2 doigts pour un bébé) au milieu de la poitrine, juste au-dessous de la ligne médiane des mamelons. Laisser la poitrine se détendre entre chaque compression.

Insufflation

2 insufflations de 1 sec.

Ouvrez les voies respiratoires. Utilisez une barrière de protection (masque ou écran facial). Insufflez jusqu'à ce que le thorax se soulève. Pincez les narines si vous utilisez un écran facial.

Ratio compression/insufflation

30 insufflations pour 2 compressions ( 30 : 2 ).

Si vous ne voulez pas donner la respiration artificielle ou si vous êtes incapable de le faire, la RCR par compressions thoraciques seules est acceptable.




Blessures au dos, au cou et à la colonne vertébrale


Plusieurs situations en rivière peuvent mener à une blessure au dos, au cou et à la colonne vertébrale:

  • Un mauvais atterrissage (lors du saut d'une chute)

  • Se faire tomber dessus par un autre pagayeur

  • Se cogner sur une roche après un chavirement

  • Collision casque à casque après un gros impact (rafting)

  • Bref : chute, plongeon, coup à la mâchoire/tête/torse, ETC.


Symptômes à observer


Symptômes physiques


  • Douleur aiguë ou pression dans la tête, le cou ou le dos

  • Présence de sang ou d'autres liquides s'écoulant des oreilles ou du nez

  • Dépressions ou bosses inhabituelles

  • Ecchymoses, surtout autour des yeux et derrière les oreilles Convulsions

  • Difficulté à respirer ou à voir

  • Nausées ou vomissements

  • Pupilles de taille inégale

  • Perte de mobilité partielle ou totale d'une partie du corps

  • Perte de contrôle de la vessie ou de l'intestin


Symptômes psychologiques


  • Altération de l'état de conscience et du comportement

  • Faiblesse, picotement ou perte de sensibilité

  • Étourdissements ou perte d'équilibre



Immobilisation/évacuation


Décider d'immobiliser et évacuer une personne avec des moyens improvisés n'est pas une tâche simple. Ça prend du temps, les risques de complication pour la personne sont élevés et ça peut être très exigeant pour les secouristes.


Avant (il n'y a pas si longtemps) , on parlait d'immobilisation stricte avec une planche dorsale et un collet cervival. Maintenant, on parle plutôt de restriction du mouvement de la colonne (RMC).


Avant de prendre la décision, mieux vaut faire un examen secondaire complet et évaluer si une RMC est nécessaire.


Des études récentes indiquent que l'immobilisation stricte n'offre pas d'avantages significatifs pas rapport à une RMC. Au contraire, l'immobilisation stricte pourrait être associée à une augmentation de la mortalité et des blessures neurologiques.


Comment évaluer si une RMC est nécéssaire


La Société canadienne de la Croix-Rouge. Secoursime en milieu sauvage et éloigné, Guide de poche. Société canadienne de la Croix-Rouge, 2020. ISBN : 978-1-55104-860-4.

Wilderness Medical Associates International. Field Guide of Wilderness & Rescue Medicine. 10e édition, Wilderness Medical Associates, 2023. ISBN : 979-8-9850021-5-7.

SIRIUSMEDx. Secourisme en régions isolées, Manuel terrain, Sainte-Adèle, Québec, 2023. ISBN : 978-2-9821419-0-2.


Protocole Croix-Rouge


Appliquer la règle suivante si:


  • Indication d'un traumatisme

  • Personne consciente

  • Signes vitaux stables

  • Âgé de plus de 16 ans

  • Aucun signe de paralysie aiguë

  • Aucune maladie de la colonne vertébrale

  • Aucune chirurgie cervicale antérieure


Si vous avez un doute, faites une RMC.


  1. Facteur de risque élevé?


  • Âgé de 65 ans et plus

  • Paralysie aux extrémités

  • Mécanisme de blessure dangereux (chute de + de 1m, traumatisme haute vélocité, collision)


Oui = RMC indiquée

Non = continuer vers l'étape 2


  1. Évaluation sécuritaire de l'amplitude du mouvement


  • Mécanisme de blessure = simple colision arrière de véhicule motorisé

  • Position = assise

  • Ambulatoire à un moment donné après la blessure

  • Apparition retardée de douleur dans le cou après la blessure

  • Aucune sensibilité dans le milieu de la colonne cervicale


Non = RMC indiquée

Oui = étape 3


  1. Capacité de tourner activement la tête


  • Tourner la tête de 45 degrés à gauche et à droite


Non = RMC indiquée

Oui = RMC non indiquée


Moyens improvisés pour faire une RMC


Des articles courants comme des serviettes ou des vêtements roulés, des bottes, des sacs de couchage ou des attelles SAM peuvent être utilisés pour soutenir le dos, la tête et le cou.


  • Collet improvisé (immobilisation du cou)

    La Société canadienne de la Croix-Rouge. Secoursime en milieu sauvage et éloigné, Guide de poche. Société canadienne de la Croix-Rouge, 2020. ISBN : 978-1-55104-860-4.


SIRIUSMEDx. Secourisme en régions isolées, Manuel terrain, Sainte-Adèle, Québec, 2023. ISBN : 978-2-9821419-0-2.


Moyen de transport improvisé


  • Civière improvisée avec une bâche




SIRIUSMEDx. Secourisme en régions isolése, Manuel terrain, Sainte-Adèle, Québec, 2023. ISBN : 978-2-9821419-0-2.


  • Civière improvisée avec corde


La Société canadienne de la Croix-Rouge. Secoursime en milieu sauvage et éloigné, Guide de poche. Société canadienne de la Croix-Rouge, 2020. ISBN : 978-1-55104-860-4.

Formation Croix-Rouge de secourisme en région sauvage (40h), Rivière Concept, 2023


  • Civière improvisée avec l'équipement du pagayeur (ouch la pagaie en carbone)



Wilderness Medical Associates International. Field Guide of Wilderness & Rescue Medicine. 10e édition, Wilderness Medical Associates, 2023. ISBN : 979-8-9850021-5-7.




Blessures aux os, aux muscles et aux articulations (blessures orthopédiques)


Palm Equipment. The Nevis project. Vimeo, 2020, www.vimeo.com/491606146

Signes à observer


  • Déformation, enflure ou ecchymose

  • Usage limité de la partie du corps blessée ou incapacité de l'utiliser

  • Fragments d'os qui sortent de la peau

  • Douleur locale

  • Oedème (accumulation de liquide) et décoloration.

  • ETC.


Type de blessure


Foulure - claquage - tendinite

  • Élongation et déchirement des muscles ou des tendons.


Entorse

  • Élongation ou déchirement des ligaments soutenant une articulation, toujours articulaire.


Luxation/dislocation

  • Le déplacement d'un os par rapport à sa position normale dans une articulation.


Fracture

  • Cassure, ébréchure ou fissure dans un OS. Peut-être ouverte ou fermée.


Soins


Il existe plusieurs méthodes (RIGE, RICE, POLICE, PEACE & LOVE), mais pour notre contexte de soins d'urgence, nous allons nous concentrer sur les méthodes RIGE et RICE.


La méthode RIGE (celle proposée par la Croix-Rouge) : Blessures aiguës nécessitant une stabilisation (fracture, dislocation)

  • R - Repos

  • I - Immobilisation (attelle, écharpe)

  • G - Glace (20 min/h)

  • É - Élévation (soulevez la partie blessée)


La méthode RICE : Blessures mineures ou modérées (entorses, foulures).

  • R - Rest (Repos)

  • I - Ice (Glace)

  • C - Compression (Compression) : bandage élastique

  • E - Elevation (Élévation)


Équipement


  • Bandage triangulaire

  • Bandage élastique - Autoadhérent (réutilisable)

  • Attelle aluminium coussinée (SAM-Splint)

  • Compresse froide instantanée


SIRIUSMEDx. Secourisme en régions isolées, Manuel terrain, Sainte-Adèle, Québec, 2023. ISBN : 978-2-9821419-0-2.


Équipement improvisé


  • Couverture/sac de couchage

  • Bâton de ski/de marche

  • Ruban adhésif (duck tape)

  • Pagaie

  • Branche

  • Sac à dos

  • Matelas de sol

  • Vêtements

  • ETC.


Pose d'une attelle ou d'une écharpe


  • Une bonne attelle sera compacte, confortable, légère et réglable.

  • Vérifiez la température/coloration de la peau de la partie atteinte avant et après l'immobilisation. Desserrez l'attelle si nécéssaire.

  • Supportez le membre blessé pendant la préparation de l'attelle.

  • Préparez complètement l'attelle avant de l'appliquer.

  • Immobilisez la partie blessée dans la position dans laquelle vous l'avez trouvée.

  • Assurez-vous que l'attelle est assez longue pour stabiliser l'articulation au-dessus et en dessous de la partie atteinte

  • Rembourrez les attelles et les écharpes pour le confort

  • Surveillez l'attelle pendant l'évacuation. Si elle se desserre, assurez-vous de la réajuster.





Attelles


Il existe quatre types d'attelles:


1. Anatomique

2. Rigide

3. Souple

4. Écharpe

La Société canadienne de la Croix-Rouge. Secoursime en milieu sauvage et éloigné, Guide de poche. Société canadienne de la Croix-Rouge, 2020. ISBN : 978-1-55104-860-4.


Luxation


Luxation d'une épaule

  • Demandez à un assistant de tenir fermement le haut du corps de la personne. Tenez doucement le bras et tirez lentement vers l'extérieur et vers le bas.

  • Si vous ne pouvez pas utiliser la méthode susmentionnée, placez un poids de 3 à 4 kg sur la partie inférieure du bras blessé et laissez la gravité provoquer la traction.


Autres luxations

  • Pour les doigts et les orteils, demandez à un assistant d'appliquer une contre-traction pendant que vous tirez doucement pour corriger sa position.

  • Il n'est pas recommandé de remettre une cheville, un genou, un coude ou une hanche dans sa position anatomique normale sur le terrain.



Panique


Pas un chapitre facile.


En collaboration avec le concept du ''Observer, Écouter, Accompagner, Vivre'' de la Croix-Rouge et de ChatGPT. Super intéressant et j'ai déjà hâte de voir évoluer ce chapitre!


La Société canadienne de la Croix-Rouge. Secoursime en milieu sauvage et éloigné, Guide de poche. Société canadienne de la Croix-Rouge, 2020. ISBN : 978-1-55104-860-4.


Protocole pour gérer une crise de panique sur une rivière


Ce protocole met l’accent sur la sécurité, la calme, et la compréhension tout en laissant de l’espace au pagayeur pour retrouver son équilibre à son rythme.


Points clés à éviter :

  • Ne pas forcer la personne à agir (retourner dans l'eau) si elle n’est pas prête.

  • Ne pas minimiser ou ridiculiser ses émotions.


  1. Observation


  • Surveillez les signes de panique :

    • Respiration rapide, difficulté à respirer

    • Agitation ou confusion

    • Discours rapide ou incohérent, incapacité à répondre calmement.

  • Assurez la sécurité :

    • Stabilisez le pagayeur et son embarcation.

    • Amenez-le à une zone sûre (rivage ou endroit calme de la rivière) si possible.


  1. Écoute active


  • Restez calme et patient :

    • Parlez d'une voix calme, utilisez des phrases courtes et simples.

    • Dites des phrases comme : "Je suis là pour t’aider, tout va bien aller."

  • Écoutez sans jugement :

    • Laissez la personne exprimer ce qu’elle ressent si elle le souhaite.

    • Ne minimisez pas ses émotions (évitez de dire "Ce n'est rien, calme-toi.").


  1. Accompagnement immédiat


  • Proposez un environnement calme :

    • Demandez au pagayeur de s’asseoir.

    • Réduisez les stimuli environnants si possible (se mettre à l'écart du groupe, s'éloigner de la rivière).

  • Aidez à réguler la respiration :

    • Guidez-le doucement pour ralentir sa respiration :

      • Inspirez profondément par le nez pendant 4 secondes.

      • Retenez la respiration 4 secondes.

      • Expirez lentement par la bouche pendant 6 secondes.

  • Adaptez votre accompagnement :

    • Posez des questions comme : "As-tu déjà vécu ça ? Qu’est-ce qui t’a aidé à te sentir mieux ?"

    • Offrez des choix : "Veux-tu rester ici ou aller plus loin sur la rive ?"


  1. Après la crise


  • Informer et soutenir :

    • Expliquez que les symptômes sont courants et temporaires.

    • Proposez de discuter des événements après la descente.

  • Respectez les limites de la personne :

    • Si elle ne veut pas d’aide, laissez une porte ouverte : "Tu peux venir me voir si tu changes d’avis."


  1. Faites un retour après l’intervention :


  • Si vous êtes impacté émotionnellement, prenez un moment pour respirer, vous recentrer ou en parler à un collègue.



Conclusion


  • Le secourisme, c'est avant tout avoir la confiance d'intervenir, même si les techniques ne sont pas parfaites.

  • Une bonne préparation peut sauver des vies



Sources


La Société canadienne de la Croix-Rouge. Secoursime en milieu sauvage et éloigné, Guide de poche. Société canadienne de la Croix-Rouge, 2020. ISBN : 978-1-55104-860-4.

Wilderness Medical Associates International. Field Guide of Wilderness & Rescue Medicine. 10e édition, Wilderness Medical Associates, 2023. ISBN : 979-8-9850021-5-7.

SIRIUSMEDx. Secourisme en régions isolées, Manuel terrain, Sainte-Adèle, Québec, 2023. ISBN : 978-2-9821419-0-2.

Peled, Danny. Guide de poche de sauvetage en eau vive. Boreal River Rescue, 2014.




Alex





 
 
 

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